mercredi 14 novembre 2012

Abhinaya


Où va la main, va l’œil ; où va l’œil, va l’esprit ;

où va l’esprit, le sentiment s’éveille et,

lorsque le sentiment s’éveille, naît le goût.

Abhinaya-Darpana (p57)

 
Guru Kalanidhy Narayanan 
 "The child dancer"
 
"La parole poétique est née d'un cri du coeur.
Le poète Valmiki se promenait il y a environ deux mille ans dans la forêt lorsque tomba à ses pieds
un oiseau mort. La flèche d' un chasseur l'avait transpercé en pleine saison des amours
et son compagnon restait seul perché sur une branche.
Devant cette scène pathétique, Valmiki ressentit la souffrance des amours séparés par la mort.
Il s'exprima spontanément dans une phrases rythmée par quatre fois huit syllabes.
Son Soka devint Shloka, son chagrin se fit poème.
Les strophes qui suivirent inspirèrent le Ramayana,
la grande épopée indienne  de cent mille octosyllabes.
Mais cette peine du poète n'est pas un chagrin ordinaire.
L'inspiration poétique exige que l'émotion et le sentiment perdent leur sujet et leur objet,
qu'elles se généralisent pour être ressenties par tout être humain.
Ce processus engendre le Rasa, le plaisir esthétique, qui permet de savourer avec bonheur
des sentiments même négatifs sans identification personnelle.
L'acteur-danseur indien se réfère toujours à cette source poétique millénaire.
Son jeu, sa danse et sa parole s'adressent à celui qui n'est plus là.
Plus encore, ses mouvements vont et viennent entre l'absent et le souvenir de sa présence.
Le rythme crée un écart parfois imperceptible entre le passé et le présent à tel point que
 le poète, l'acteur-danseur et le bien aimé deviennent une seule et même personne..."
 
(Tiré de "La gestuelle des mains dans le théâtre dansé indien" de Katia Légeret )
(Photo de Kalanidhy Narayanan enfant : "Guru Kalanidhi" de Lakshmi Lal)

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