Dans l’Abhinaya-Darpana de Nandikesvara « The Mirror of Gesture »,
sont énumérés les gestes à une main, à deux mains,
et ceux pour représenter les dieux et les déesses (page 56) que l’on incarne en dansant.
Certaines de ces positions de main énumérées sont très rarement utilisées,
nous verrons donc ici celles qui sont le plus fréquemment utilisées en Bharatanatyam.
Les gestes de main ne suffisent d'ailleurs pas pour incarner tous ces personnages qui,
sans la posture adéquate et une connaissance de la mythologie indienne resteraient bien abstraits.
Au sommet du
panthéon hindou, la triade de la Trimurti n’accorde à Brahma qu’une place de
second plan à l’ombre de ses deux autres membres, les prestigieux Vishnu et
Shiva. Sans doute par trop abstrait, Brahma n’a quasiment pas de fidèles qui
lui soient propres. Il est honoré dans de rares lieux de culte : un temple
à Pushkar au Rajasthan et un petit sanctuaire à Khajurao. Une légende fameuse
assure que cette absence de culte résulte d’un maléfice de Shiva lorsqu’il le
surprit en flagrant délit de mensonge.
Brahma et Vishnu se querellaient un jour
pour savoir lequel des deux était le dieu suprême. Un pilier de feu qui
plongeait dans les profondeurs du ciel et de la terre apparut devant eux. Intrigués,
Brahma et Vishnu décidèrent d’aller voir ce qu’il en était. Brahma s’éleva
vers le ciel et Vishnu plongea sous la terre mais aucun des deux, aussi loin
qu’il alla ne put en découvrir l’origine. Vishnu avoua son échec, mais Brahma
se vanta d’avoir atteint le sommet. Shiva apparut alors au milieu des flammes
et bénit Vishnu avec ces mots : « dans la foule des fidèles, tu
auras un statut égal au mien, tu seras honoré comme je le suis. » En
revanche, il maudit Brahma pour le punir de ses mensonges et de son manque
d’humilité. « Puisqu’il en est ainsi, tu ne seras pas honoré, il n’y aura
plus de temples dédiés à ton culte, ni de fêtes célébrées en ton honneur. »
Brahma a beau personnifier l’absolu et tenir le rôle de créateur né de lui-même, sa naissance est plus souvent décrite comme soumise au bon vouloir des deux autres membres de la Trimurti. Certains textes assurent que Brahma provient de l’éclosion d’un œuf primordial issu d’un germe d’or placé par Shiva dans l’océan des origines. D’autres le présentent né dans une fleur de lotus surgie du nombril même de Vishnu. Il est habituellement représenté assis sur une oie sauvage ou un cygne, qui symbolise la sagesse, l’élévation spirituelle. Plus rarement on le voit debout sur un lotus ou bien assis sur un char tiré par sept cygnes. Sa peau est rouge ou rose, ses quatre têtes sont dirigées vers les quatre points cardinaux et indiquent qu’il gouverne sur toutes les directions, que son pouvoir s’exerce sur tout ce qui existe. Ses yeux sont clos ou mi-clos, comme s’il méditait. On dit que de ses quatre bouches sortent les quatre véda, la parole sacrée. Il a quatre bras. Dans ses mains, il tient un chapelet "mala", un livre, un pot à eau, une cuillère pour les oblations. Ses attributs sont tous en rapport avec la prière, la connaissance, le sacrifice, le rituel. Les gestes qu’il fait sont ceux de la protection "abhaya" et de la bénédiction "varada". C’est lui qui donna aux hommes l’art dramatique et inspira à Bharata le natya shastra, traité sur la danse et le théâtre.
Brahma - Elephanta - Inde
On raconte que Brahma à l’origine n’avait
qu’une tête. Quand il créa Sarasvati, il la trouva si belle qu’il la désira.
Elle voulut s’enfuir mais elle ne put échapper au regard du dieu. Quand elle
courut à droite, une deuxième tête surgit sur le corps de Brahma. Quand elle se
cacha derrière lui, il en fit naître une troisième puis une quatrième quand
elle se précipita vers la gauche.
Sarasvati
Sarasvati est la déesse de la connaissance, de la parole et des arts. Fille, épouse ou shakti de Brahma, elle participe avec lui à l’œuvre de la création. Qu’on la considère comme la partie féminine du dieu créateur ou bien issue de sa bouche sous la forme du son primordial ou de la parole créatrice, elle représente la sagesse, l’intelligence, l’inspiration. Elle est la déesse de la créativité. Elle représente la tempérance, l’harmonie, le raffinement qui donne le savoir et la culture. Elle est celle qui éloigne l’obscurité et dissipe les ténèbres de l’ignorance. Sa couleur est le blanc qui symbolise la clarté, la pureté, l’équilibre. Elle est toujours représentée comme une belle femme, douce et gracieuse, élégante, sobre et raffinée. Elle est assise sur un lotus blanc ou comme son époux sur un cygne. Un paon l’accompagne parfois. Elle tient dans deux de ses mains un luth, vina, dans les deux autres un chapelet "mala" fait de graines de lotus blanc et un livre. C’est grâce à elle que les Gandharva (divinités de l’eau) devinrent des musiciens célestes.
Les Gandharva étaient gourmands de soma. Ils volèrent un jour le vase de liqueur et l’emportèrent dans leur royaume. Les dieux, inquiets, demandèrent à Sarasvati de les aider à récupérer le nectar de l’immortalité. Elle se rendit au ciel des Gandharva, se dissimula dans les bois qui bordaient leur palais et se mit à jouer de la vina. Fascinés, les Gandharva cherchèrent à découvrir l’origine de cette musique merveilleuse. Quand ils trouvèrent Sarasvati, ils se prosternèrent à ses pieds et la supplièrent de leur enseigner son art. La déesse accepta. Elle leur demanda en échange le vase de soma et le rendit aux dieux. Bientôt les Gandharvas devinrent d’excellents disciples et remplirent les trois mondes d’harmonie et de beauté.
Gestes symbolisant Sarasvati : elle représentée le plus souvent jouant de la vina (luth).
Vishnu
Vishnu est celui qui préserve et protège la création. Majestueux mais rusé, inventeur du monde mais non dénué d’humour, Vishnu préserve l’harmonie de l’univers et donc les règles du dharma qui assurent les équilibres cosmiques et sociaux. Il demeure au sommet du mythique mont Meru, axe de l’univers. Représenté généralement comme un bel homme à la peau bleue ou noire, il possède quatre bras. Ses mains portent des attributs : le disque, la conque, la massue et le lotus.
Disque chakra : roue du temps généralement
brandie dans une main postérieure, ce symbole solaire est une arme de jet
tournoyante aux bords tranchants que le dieu emploie pour combattre les démons
où ceux qui mettent en danger le monde et les justes règles du dharma.
Conque
shankha : tirée de
l’océan primordial sur lequel Vishnu repose entre deux créations du monde. La
conque est soufflée avant et après le combat pour effrayer l’ennemi et célébrer
la victoire. Elle symbolise par sa forme de spirale le développement infini et
le souffle de vie. Le dieu tient la conque dans une main postérieure, le plus
souvent la gauche.
Massue gada : Vishnu la tient dans une main ou
s’appuie sur cette longue massue. Cet attribut est un symbole de puissance, de
vigueur et de force.
Lotus rose padma : Vishnu tient un lotus dans une main et est fréquemment représenté debout ou assis dans un lotus. Cette fleur est surtout l’attribut essentiel de Lakshmi, shakti-épouse du dieu, la déesse de l’abondance.
Tant que le cycle de vie de l’univers n’est pas arrivé au terme fixé, Vishnu intervient pour rétablir le dharma, pour permettre à la vie de se maintenir et aux êtres de se réaliser dans les meilleures conditions possibles. Dans le but de protéger la terre, les prêtres, les dieux, les saints et les écritures, le dieu descend sur terre dans un corps vivant. Un corps qui peut être celui d’un animal, d’un être humain ou d’un être fantastique. Les trois premières incarnations sont animales : le poisson Matsya, la tortue Kurma et le sanglier Varaha. La quatrième est un être fantastique mi-homme, mi-lion, Narashima. Les suivantes sont humaines : le nain Vamana, le brahmane guerrier Parashurama, le prince chevaleresque Rama, l’amant divin Krishna, le réformateur Bouddha et enfin Kalki, celui qui viendra à la fin du Kali-yuga pour rétablir le règne du dharma (*détails ci-dessous).
Cliquez :
Vishnu repose
immobile dans les anneaux du serpent Shesha-Ananta,
à la surface de l’océan primordial. De son nombril monte et éclot une fleur de
lotus dans laquelle Brahma est assis. Vishnu s’éveille après une longue nuit
cosmique. Ce moment tout empreint de sérénité précède celui où Brahma entrera
en action pour créer le monde. L’univers aussitôt manifesté, Vishnu deviendra
son protecteur et entrera à nouveau dans une phase active.
Vishnu sous ses aspects dynamiques chevauche un aigle (Garuda)
et sous ses aspects statiques
repose sur un serpent (Shesha-Ananta)
Gestes symbolisant Vishnu : 2 tripatakas (assez haut entre la poitrine et
les épaules)
hasta : tripataka
*Les avatars de Vishnu
« Chaque fois que l’ordre défaille et que le désordre s’élève, c’est alors que moi, je me produis moi-même.
Pour la protection des bons et la destruction des méchants pour rétablir l’ordre,
d’âge en âge, je viens à l’existence. »
Bhagavad-Gita
1/ MATSYA (poisson)
Un jour que Brahma était profondément endormi, le démon Hayagriva vint lui voler les veda,
puis il plongea au fond de l’océan et se cacha dans un coquillage.
Vishnu prit la forme d’un poisson, attaqua
le démon, récupéra les vedas et les rendit à Brahma.
2/ KURMA (tortue)
Quand les dieux et les démons barattèrent l’océan de lait pour recueillir la liqueur d’immortalité,
ils utilisèrent le mont Mandara comme baratte et le serpent Vasuki comme corde.
Le mont tournoyait à une telle vitesse qu’il s’enfonçait peu à peu dans les profondeurs de l’océan,
alors Vishnu prit la forme d’une tortue, se glissa sous la montagne et lui
servit aussi de support.
3/ VARAHA (sanglier)
Hiranyaksha, le roi des asuras, enleva Bhudevi pour en faire sa reine.
Emu par les lamentations de la déesse terre retenue prisonnière au fond des océans, Vishnu pris la forme d’un sanglier géant.
Il plongea au fond de l’eau, tua Hiranyaksha et ramena Bhudevi à la surface des eaux en la souleva délicatement sur sa défense.
4/ NARASIMHA (homme-lion)
A la mort de Hiranyaksha, son frère
Hiranyakashipu devint roi des asuras. Il décida de se venger de Vishnu et afin
d’acquérir des pouvoirs et de devenir invincible, il passa des années en
méditation et en ascèse. Brahma ému par sa dévotion, lui apparut et lui demanda
de lui formuler un vœu. Comme l’immortalité ne pouvait lui être accordée,
Hiranyakashipu demanda à Brahma : « qu’aucune arme ne puisse m’atteindre,
que je ne puisse être tué ni par un homme, ni par une bête, ni le jour ni la
nuit, ni à l’intérieur ni à l’extérieur. » Se croyant ainsi à l’abri de la
mort, Hyranyakashipu s’enhardit, attaqua les dieux, prit le pouvoir sur les
trois mondes* et y fit régner la terreur. Vishnu rassura les dieux «
Prahlada, le propre enfant d’Hiranyakashipu, est l’un de mes fervents
adorateur, il causera sa perte ! ».
Les dieux demandèrent comment un asura,
qui plus est le fils du roi des asura avait pu devenir un dévot de Vishnu !
« Il y a quelques années, après l’une des nombreuses batailles qui nous
opposaient aux asura, les dieux envahirent le royaume d’Hyranyakashipu et
enlevèrent sa femme. Indra voulut la prendre pour épouse mais elle attendait un
enfant. Pour la protéger je la confiai au sage Narada. Elle vécut dans son ermitage jusqu’à la fin des combats. Narada lui donnait chaque jour des
enseignements et Prahlada, encore dans le sein de sa mère, s’imprégnait de
savoir et de sagesse. La guerre finie, Hiranyakashipu vint chercher la reine.
Quand il naquit, l’enfant garda un cœur pur, rempli d’amour et de sagesse.
Hiranyakashipu ne parvenait pas à empêcher son fils de répéter les noms divins,
de prier et d’adorer Vishnu. Son père réalisait qu’il était un danger pour lui
et pour son royaume, il ne voulait pas qu’un allié des dieux lui succède sur le
trône des asura. Il décida de le tuer. Mais malgré tous les stratagèmes qu’il
inventa pour l’assassiner, l’enfant semblait miraculeusement protégé !
Prahlada dit à son père qui était entrain de le raisonner et le détourner de sa
foi « Vishnu est le dieu suprême,
il est présent en tout ! ».
Hiranyakashipu, fou de rage, dit à son
fils « S’il est en tout, alors il est aussi dans ce pilier, qu’il se
montre et te sauve de ma colère !!! » Alors, le pilier se fendit et
un être extraordinaire en sortit. Ce n’était ni un homme, ni une bête, le bas
de son corps était celui d’un être humain et le haut celui d’un lion. Il se rua
sur Hiranyakashipu et le traîna sur le seuil. Il n’utilisa pas d’arme pour le
tuer mais ses griffes. Le soleil venait de disparaître à l’horizon et nul ne
pouvait dire s’il faisait jour ou nuit. Le démon fut vaincu sans que la parole
de Brahma soit désavouée ! Prahlada succéda à son père et son père fût un
règne d’harmonie dans les trois mondes. La colère de Vishnu ne put se calmer
tout de suite ! Lakshmi apparut alors devant Vishnou, reconnaissant sa
compagne, il s’apaisa aussitôt.
*Les trois mondes (TRILOKA) : ces trois mondes sont la région au dessus de la terre, le ciel (svarga), la surface terrestre (bhumi) et le monde souterrain (patala).
5/ VAMANA (nain)
Vamana, bien que difforme, est le premier
avatar à avoir un aspect humain.
Bali, le roi des asura, devint si puissant que les dieux s’inquiétèrent et demandèrent à Vishnu de leur venir en aide.Vishnu accepta mais Bali était un asura pieux et sage comme son grand père Prahlada et Vishnu ne désirait pas le tuer. Il imagina donc un stratagème qui permettrait de retrouver la souveraineté sur les trois mondes sans détruire Bali. Vishnu s’incarna dans une famille de brahmane, le sage Kashyapa et sa femme Aditi. Il naquit sous la forme d’un nain, Vamana.Vamana avait entendu parler de la grande générosité de Bali et un jour, vétu comme le sont les brahmanes mendiants, se présenta à sa porte. Bali l’accueillit aimablement, lui offrit à boire et à manger puis lui proposa de lui faire don de ce qu’il désirait. Vamana lui demanda la surface de la terre que couvrirait trois de ses enjambées pour qu’il puisse s’y établir et méditer en paix. Bali accepta de bon cœur et sourit en regardant les petites jambes du nain. Vamana se mit alors à grandir démesurément sous les yeux effarés du démon. D’une enjambée Vamana reprit possession de la terre, de la seconde il reconquit les cieux et de la troisième l’espace intermédiaire. En faisant le troisième pas, Vamana posa le pied sur la tête de Bali et l’enfonça dans les enfers. Mais comme Bali avait fait preuve de générosité envers Bali, Vishnu lui accorda la souveraineté des mondes inférieurs !
6/ PARASHURAMA (Rama à la hache)
Parashurama est un brahmane guerrier.
Vishnu dans cette incarnation ne vient pas pour combattre les démons mais les kshatriyas*
devenus trop arrogants.
*Kshatriya : caste des nobles, des
rois et des guerriers.
Il fut un temps où les Kshatriya, au lieu de protéger le peuple, utilisèrent leur pouvoir pour l’opprimer et acquérir des richesses. Ils attaquèrent les brahmanes, tuèrent l’un d’entres eux et volèrent leurs vaches. Vishnu décida de s’incarner une fois de plus sur terre. Il naquit chez le sage Jamadagni et sa femme Renuka. Ils appelèrent l’enfant Rama. Quand il grandit, Rama voulu apprendre l’art de la guerre. Ses parents savaient que c’était un projet divin et le laissèrent partir. C’est Shiva lui-même qui fut son maître d’armes et qui lui offrit sa hache. On le surnomma : Parashurama (Rama à la hache). Parashurama vivait en paix jusqu’au jour où il apprit que Kamadhenu, la vache qui exauce tous les désirs et qui vivait dans l’ermitage de son père Jamadagni fut volée par un roi. Il lui demanda de lui rendre son bien mais comme le roi refusait, il le tua d’un coup de hache. En l’absence de Parashurama, les kshatriyas vinrent saccager l’ermitage de Jamadagni et le tuèrent. Pour venger son père, Parashurama livra vingt et une batailles contre les kshatriya et les massacra presque tous.
Après ce carnage, il fallait que
Parashurama obtienne le pardon pour tout ce sang versé et que la caste des
kshatriya soit reconstituée. Il se retira du monde et pratiqua de nombreuses
ascèses pour purifier son karma. Quand aux kshatriyas, ils ne disparurent pas
car aux quelques survivants du massacre, vinrent s’intégrer les enfants qui
naquirent de l’union des brahmanes avec les veuves des guerriers disparus !
7/RAMA
Rama est un roi ascète. Né dans une famille de kshatriya, il passa une partie de sa vie dans un ermitage forestier. Héros élevé au rang de dieu suprême, il s’incarna pour lutter contre le démon à dix têtes Ravana. Son histoire est contée dans l’une des épopées indiennes les plus connues : le Ramayana, la marche de Rama.
Kubera, le dieu des richesses, régnait sur les rakshasa. Pendant des milliers d’années, son demi frère Ravana, le démon à dix tête, pratiqua des austérités pour obtenir l’invincibilité. Quand il l’eut enfin, il en profita pour chasser Kubera de son royaume, s’emparer de tous ses biens et régner à sa place sur l’île de Lanka. Ravana devint si puissant et si arrogant que les dieux en prirent ombrage et Vishnu décida de s’incarner une fois encore afin de libérer les trois mondes du joug des démons. Il choisit de naître à Ayodhya. Le roi Dasharatha n’avait pas d’enfant. Un jour, afin d’obtenir une descendance, il offrit au dieu un grand sacrifice. Alors qu’il versait l’eau dans le feu sacré, un être divin en sortit et lui tendit une coupe de liqueur. Dasharatha en donna à se trois épouses : Kausalya, Kaikeyi et Sumitra et elles furent fécondées par le divin breuvage. Kausalya donna naissance à Rama, Kaikeyi à Bharata et Sumitra aux jumeaux Lakshmana et Shatrughna. Rama avait une relation privilégiée avec Lakshmana et Bharata avec Shatrughna. Tous étaient forts et courageux, bons et d’une beauté resplendissante.
Rama était le préféré du peuple. Plus que ses trois frères, il était considéré comme un héros. On disait qu’il était le meilleur archer du royaume et que ses flèches ne rataient jamais leur cible. Le sage Vishvamitra ayant entendu parler de leur vaillance et de l’habileté de Rama, vint lui demander son aide. Des rakshasa avaient élu domicile près de son ermitage et empêchaient les sages de célébrer les sacrifices. Rama et Lakshmana accompagnèrent le rishi, quand les démons apparurent, ils les tuèrent jusqu’au dernier. Les sages les bénirent, et offrirent une fête en leur honneur puis Visvamitra demanda aux deux princes de les accompagner pour assister au grand sacrifice que le roi Janaka allait accomplir quelques jours plus tard. Janaka possédait le plus bel arc qui soit au monde, l’arc de Shiva. Cet arc était si lourd que cinq mille hommes forts arrivaient à peine à le traîner. Lorsqu’ils arrivèrent à Mithila, le roi Janaka accepta de leur montrer l’arc. Il espérait secrètement qu’un des deux princes était l’homme destiné à devenir l’époux de sa fille.
Un jour ou Janaka labourait avec son soc d’or, le roi avait trouvé une petite fille blottie au creux du sillon. Il l’avait alors nommée Sita et l’avait élevée comme son enfant. Sita était devenue une belle jeune fille et son père avait décidé qu’il la donnerait en mariage à un homme capable de bander l’arc de Shiva. Rama qui désirait épouser la princesse décida de tenter sa chance. De nombreux princes étaient venus avant lui mais n’avaient pas pu décoller l’arc du sol ! Rama parvint non seulement à soulever l’arc mais sa force était si grande qu’en le tendant, il le cassa en deux. Il obtint ainsi la main de Sita.
Le royaume de Dasharata était prospère, il songeait à se retirer, il décida de partager le pouvoir royal avec Rama. Mais la reine Kaikeyi, qui préférait voir son fil Bharata sur le trône, obtint par la ruse que son époux couronne Bharata et qu’il envoie Rama en exil pendant quatorze ans. Rama accepta respectueusement la décision de son père et alla vivre dans la forêt avec Sita et son frère Lakshmana. Dasharata, bouleversé par l’injustice qu’il faisait subir à son fils, mourut de chagrin. Bharata refusa de gouverner à la place de son frère. Il posa les sandales de son frère sur le trône d’Ayodhya, les fit sacrer et gouverna sous l’autorité symbolique en attendant le retour de son frère.
Rama, Sita et Lakshmana vécurent dix ans dans la forêt de Dandaka, allant d’un ermitage à un autre pour rendre hommage aux sages et apprendre d’eux puis ils construisirent un ermitage à Panchavati pour y passer les dernières années de leur exil. Un jour, la démone Shurpanakha qui se promenait dans les bois, vit Rama et tomba immédiatement amoureuse de lui. Pour l’approcher, elle prit l’aspect d’une magnifique jeune femme mais Rama ne céda pas à ses avances. Elle tenta de séduire Lakshmana qui refusa aussi. Lakshmana bondit sur elle et lui trancha le nez et les oreilles.
Pour se venger, elle incita son frère à
attaquer l’ermitage avec son armée de quatorze mille rakshasa mais ils
tombèrent tous sous les flèches de Rama ! Alors elle se tourna vers un
autre de ses frères : Ravana, le puissant roi de Lanka. Ravana décida d’aller
dans la forêt et d’enlever Sita. Il usa des pouvoirs du magicien Maricha qui
prit la forme d’une gazelle d’or et s’approcha de l’ermitage. Sita fut éblouie
par la beauté de l’animal et demanda à Rama de lui offrir sa peau. Pendant que
Sita restait avec Lakshmana, Rama partit à la poursuite de la gazelle, quand il
décocha sa flèche, Maricha reprit sa forme démoniaque et avant de mourir, imita
la voix de Rama pour appeler au secours. Sita supplia Lakshmana d’aller au
secours de Rama. Ravana, profita de l’absence des deux frères pour
enlever Sita et l’emporter dans les airs jusqu’à son palais de Lanka. Lorsque Rama et Lakshmana revinrent à l'ermitage, ils ne trouvèrent pas Sita. Ils la cherchèrent partout et espérant la trouver dans les bois, ils s'éloignèrent. Leur angoisse fut à son comble lorsqu'ils virent du sang répandu sur la terre. Ils suivirent ces traces et découvrir bientôt l'aigle Jatayu (fils de Garuda), mortellement blessé. Dans un dernier souffle, il leur apprit que Ravana avait enlevé Sita et qu'il avait en vain essayé de l'en empêcher.
Lakshmana et Rama, désespérés, quittèrent l'ermitage et se dirigèrent vers Lanka. Sur leur chemin, ils rencontrèrent Sugriva le roi des singes. Sugriva avait été détrôné par son frère et Rama l’aida à retrouver son trône. Pour le remercier, Sugriva mit à sa disposition tout le peuple de la forêt. Rama nomma Hanuman à la tête de ses armées et lui confia la tâche de se rendre auprès de Sita et lui assurer que sa délivrance était proche. Il confia son anneau à Hanuman pour qu’il se fasse reconnaitre d’elle. Hanuman était le fils du vent et il lui suffit d’un bond pour traverser l’océan et se rendre à Lanka. Il trouva Sita abattue par le chagrin, harcelée par Ravana et entourée de démons malveillants. Sita refusait d’être touchée par un autre homme que Rama, elle demanda donc à Hanuman d’aider Rama à venir la chercher lui-même.
Enfin, Rama lança une flèche que Brahma avait façonné lui-même pour l’offrir à Indra.
Ravana tomba foudroyé, les rakshasa s’enfuirent et Rama put entrer à Lanka et libérer son épouse.
Les quatorze années de leur exil étaient juste écoulées. Bharata les accueillit avec joie.
Il mit aux pieds de son frère les sandales qui étaient restées sur le trône.
Son règne fut un règne de paix et de prospérité.
Pour plus amples détails, je vous invite à lire le Ramayana qui existe dans de très nombreuses versions.
8/ KRISHNA
Comme Rama, Krishna est un héros épique. Dans les parties les plus anciennes du Mahabharata, il est un prince et un guerrier. Dans le Vishnu-purana (IIIe siècle) et le Bhagavata-purana (Ve siècle), il est présenté comme un avatar complet de Vishnu, la personnification de l’Absolu et le grand dieu de la bhakti. Comme tous les avatars, il s’incarne pour combattre des démons, en particulier Kamsa, et pour rétablir l’ordre cosmique et moral. Mais Krishna est surtout l’incarnation de l’amour et, plus encore que Rama, il est le dieu de la bhakti. Dieu qui aime et qui est aimé, qui privilégie les émotions, les sentiments. A travers les enseignements de la Gita, il indiquera une voix nouvelle pour se libérer du samsara et s’unir au divin. Son histoire est exemplaire de cette proximité avec tous. Prince et vacher, guerrier et maitre spirituel, chacun peut se reconnaitre en lui.
Kamsa était le fils du roi de Mathura. Avide de pouvoir et cruel, il fit jeter son père Ugrasena en prison et se proclama roi des Yadava. Sa sœur Devaki était la seconde épouse de Vasudeva. Un sage avait prédit qu’un de leurs fils tuerait Kamsa et rétablirait l’ordre dans le royaume de Mathura. Effrayé de ces prédilections, Kamsa, à chaque fois que sa sœur mettait au monde un enfant, il le tuait en le projetant au sol. Lorsque le temps de débarrasser le monde de Kamsa et de ses méfaits arriva, Vishnu décida d’intervenir. Il arracha deux de ses cheveux, l’un clair et l’autre sombre et les mit dans le ventre de Devaki. Du cheveu clair devait naître Balarama et du cheveu sombre Krishna. Tous deux échappèrent à la haine meurtrière de Kamsa. Les dieux usant de leurs pouvoirs, transplantèrent Balarama de l’utérus de Devaki à Rohini, la première épouse de Vasudeva, et il naquit ainsi à Gokula, loin du palais de Kamsa. Quand à Krishna, la nuit de sa naissance, un terrible orage s’abattit sur Mathura. Les portes de la prison s’ouvrirent elles-mêmes, les gardes furent plongés dans un profond sommeil. Vasudeva, guidé par une voix divine, sortit du palais en emportant le bébé dans ses bras. Les eaux de la Yamuna s’écartèrent pour qu’il puisse traverser à pied sec. Il alla jusqu’à la maison de Nanda, le chef des bergers de Gokula, et s’approcha silencieusement du lit où dormait son épouse Yashoda. Tout contre elle, un enfant dormait paisiblement. Vasudeva déposa Krishna à la place de la petite fille et repartit avec elle. Il revint à Mathura et déposa la petite fille près de Devaki. Au matin, Kamsa qui avait appris la naissance de l’enfant vient pour la tuer. Vasudeva et Devaki lui demandèrent d’épargner l’enfant puisque c’était une fille et qu’aucun danger ne pouvait venir d’elle. Mais la cruauté de Kamsa était si grande qu’il refusa. Il prit l’enfant par les pieds, la souleva, et comme il s’apprêtait à la jeter au sol, elle lui échappa des mains et s’éleva vers me ciel. Elle se révéla sous sa forme de Kali et lui lança en riant : « ta fin est proche Kamsa, celui qui doit te tuer est bien vivant ! »
L’enfance de Krishna
Krishna passe son enfance dans la forêt de Brindavan, partageant ses jeux avec son frère Balarama et les autres enfants du village. C’est un enfant charmant et facétieux. Il aimait le lait et le beurre et allait le chaparder dans toutes les maisons. Les voisins un jour en eurent assez de ses facéties et allèrent se plaindre à sa mère Yashoda. Pour le punir, elle l’attacha solidement à un énorme mortier et le laissa seul dans la forêt. Krishna décida d’aller chercher son frère pour l’aider à détacher ses liens. Il se mit à courir en se faufilant entre les arbres mais le mortier était plus large que sa carrure d’enfant et il se coinça entre deux arbres. Un peu agacé par cet obstacle, Krishna força de son élan et déracina les arbres ! Les hommes alertés par le bruit accoururent pour constater que Krishna avait encore accompli un prodige.
Tous dans le village commençaient à penser que l’enfant était de nature divine. Sa mère en fut totalement convaincue le jour où, demandant à l'enfant d'ouvrir grand sa bouche pour enlever la terre qu’il avait avalée, elle vit tournoyer dans sa bouche rieuse, la terre, tous les astres et toutes les étoiles ! Une autre fois il affronta le serpent à cinq têtes Kaliya. De son venin, Kaliya empoisonnait l'eau du lac et privait d'eau les habitants de Brindavan. Krishna décida de se battre contre lui. Il plongea au fond de l'eau sous le regard inquiet des villageois, il ressortit et dansa fièrement sur les têtes du serpent qu'il venait de vaincre.
Il eut aussi à affronter la colère d'Indra. Les prêtres du village s'apprêtaient à sacrifier les bêtes du villages à Indra, pour lui demander d'envoyer sur la terre les pluies fécondantes. Krishna essaya de l'en dissuader. Les bêtes qu'ils allaient immoler étaient leur bien le plus précieux. Elles étaient dociles et aimantes, innocente et utiles. Il leur demanda de les honorer plutôt que de les tuer. Les prêtres suivirent ses conseils. Indra en colère déclencha des pluies torrentielles, le village menaçait de disparaitre sous les eaux. Krishna pour sauver Brindavan et ses habitants, souleva le mont Govardhana sur son petit doigt et invita tous les villageois à venir s'abriter là avec leurs troupeaux et leurs richesses. Il plut des trombes d'eau pendant sept jours et sept nuits et Krishna, toujours souriant, tenait la montagne au dessus de sa tête. Indra reconnut en lui le dieu suprême, fit cesser la pluie et lui rendit hommage.
L’amant divin
Devenu un jeune homme, Krishna commença à regarder avec intérêt les belles vachères. Il se dissimulait dans les fourrés pour les observer. Un jour que des gopi se baignaient dans la rivière, Krishna vola leurs vêtements et les accrocha aux branches d’un arbre dans lequel il se cacha. Toutes les nuits, Krishna jouait de la flûte. Lorsque les sons mélodieux arrivaient aux oreilles des gopi, elles abandonnaient leur activité, leur foyer, leur mari, leurs enfants et les mains chargées d’offrandes, elles se laissaient guider par le son de la flûte. Une nuit, après les avoir fait chanter et danser au son de sa flûte, il les entraina sur une île de la Yamuna et là, leur prodigua ses caresses. Alors qu'elles étaient toutes étourdies par ses paroles et ses étreintes, soudain il disparut à leurs yeux. Elles le cherchèrent partout et quand enfin, elles découvrirent des empreintes, elles virent des traces plus petites, moins profondes et surent que Krishna n'était pas parti seul...
Elles suivirent le chemin qu'ils avaient emprunté. Elles pleuraient souffrant d'être éloignées de lui puis souriaient, pensant qu'il était proche. Quand elles trouvèrent les deux amants, les gopi firent une ronde autour d'eux. Krishna vêtu de jaune, bleu comme un saphir, resplendissait sous la lune, se tenait au milieu du cercle et dansait avec Radha. Toutes les gopi désiraient danser dans ses bras alors Krishna apparut en même temps dans les bras de chacune.
Lorsque Kamsa apprit l’existence de Krishna et de Balarama,
il se douta qu’il s’agissait de ses neveux et décida de les attirer dans un piège pour les tuer.
Krishna le tua d’un coup d’épée.
Parmi les gopi, Radha est la préférée de Krishna.
Elle est la personnification de la joie « ananda » et de l’amour érotique.
Contrairement à Rama et Sita qui représentent le couple indien idéal, fidèle et conforme au dharma,
Krishna et Radha sont un couple adultère où la passion domine.
Leur relation est une succession de séparations et de retrouvailles, de doutes et d’extases.
« Je tombais sur un lit de fleurs,
et lui sur ma poitrine,
comme pour y rester toujours.
Je l’enlaçais, amie !
Je l’embrassais ; et lui buvait le
nectar de mes lèvres !
Ah ! Fais amie qu’il me revienne,
l’ennemi de Keshi !
Je deviens folle en l’attendant.
Que change son humeur… »
Le maître spirituel
Le Krishna du Mahabharata est différent
du Krishna enfant et adolescent. Il n’est plus le pasteur entouré par les
belles vachères. Il a rangé sa flûte, ne vit plus dans un village mais dans un
palais. Il a épousé une princesse et règne sur Dvaraka. Ses cousins, les
Pandava et Kaurava, vont se livrer à une guerre sans merci qui mènera à la
destruction de leurs royaumes et de leur race.
Voici un épisode bien connu que l'on raconte souvent à travers la danse :
Au temps où Krishna régnait sur Dvaraka, Pandu était le roi d'Hastinapura. Il avait été maudit par un sage : s'il avait un rapport sexuel avec une femme il mourrait aussitôt. Mais un autre sage avait béni son épouse Kunti, la sœur de Vasudeva (père de Krishna). Il lui suffisait d'invoquer un dieu pour avoir un enfant de lui. Grâce à cette bénédiction, Pandu eut une descendance. Kunti invoqua le dieu Dharma et elle eut Yuddishitra. Puis de Vayu elle eut Bhima et d'Indra, le roi des dieux, elle eut Arjuna. Elle enseigna son secret à Madri, la seconde épouse de Pandu. Celle-ci invoqua les Aswin, les dieux jumeaux et elle eut bien sûr des jumeaux : Nakula et Sahadeva. C'est ainsi que Pandu eut cinq fils : les Pandava sans avoir partagé la couche de ses deux femmes. Après la mort de Pandu, son frère Dhritarashthra monta sur le trône. Dhrishtarashthra avait cent fils : les Kaurava. Les descendants des deux rois pouvaient prétendre à une part du royaume mais Duryodhana, l'aîné des Kaurava, jaloux de la notoriété de ses cousins, de leur adresse et de leur force au combat et voulant tout le pouvoir pour son clan, les poursuivait de sa haine. Les Pandava et leur mère Kunti quittèrent le royaume et vécurent dans la forêt comme des ermites.
Un jour, un sage venu rendre visite à leur hôte leur appris que bientôt aurait lieu le svayamsara (cérémonie au cours de laquelle, une fille en âge de se marier, choisit son époux) de la princesse Draupadi. Ils décidèrent de s'y rendre tous les cinq. Ils arrivèrent à la cour du roi Drupada le jour où Draupadi devait choisir son époux. On avait organisé un tournoi et invité tous les princes des royaumes voisins à participer. Drupada était puissant et sa fille très belle. Pour obtenir la main de Draupadi, il fallait être un excellent archer. L'arc était difficile à bander et la cible qui tournait au sommet d'un mât quasiment inaccessible. De nombreux princes essayèrent en vain de tendre l'arc, seul Arjuna y parvint et planta cinq flèches au centre le cible. Krishna qui avait assisté au tournoi reconnut son cousin et le félicita.
Accompagnés de Draupadi, Arjuna et ses frères rentrèrent chez eux. Ils dirent à leur mère : "vois le trésor que nous avons gagné !", "vous devez le partager" répondit-elle... Quand elle leva la tête, Kunti aperçut la jeune princesse et regretta les mots qu'elle venait de prononcer mais elle ne pouvait revenir sur sa parole et Draupadi devint l'épouse des cinq frères. Dhristarashthra leur accorda une terre, Yudhishthira y établit sa capitale : Indraprastha. Le bonheur de ses cousins ne fit qu'attiser la jalousie de Duryodhana et il imagina un moyen pour les détruire.
Il savait que Yudhisthira aimait le jeu et il lui proposa de jouer aux dés contre lui. Les dés étaient pipés et Yudhisthira, après avoir perdu son royaume et toutes ses richesses, joua aussi sa propre personne, ses frères et leur femme Draupadi. Duryodhana gagna toutes les parties et pour humilier ses cousins, il demanda à un serviteur de dévêtir Draupadi qui lui appartenait désormais. Elle invoqua Krishna pour qu'il lui vienne en aide et il accomplit pour elle un miracle. Son saree ne semblait pas avoir de fin, le serviteur déroulait des mètres et des mètres d'étoffe qui s'accumulaient aux pieds de la jeune femme. Effrayé par l'intervention divine et honteux du comportement de son fils, Dhrishtarasthra rendit à leurs neveux leurs biens et leur royaume.
L’enseignement de Krishna, la Bhagavad
Gita
On situe sa rédaction entre le IIIe siècle après l’ère chrétienne. Composée de sept cents shloka, divisée en dix huit chants. Elle se présente comme un dialogue entre Krishna et Arjuna. Krishna est le conducteur du char d’Arjuna. Au moment de se lancer dans la bataille contre ses cousins, Arjuna est envahi par le doute. La réponse de Krishna est celle d’un guerrier à un autre pour lui rappeler son devoir et l’importance de l’action. Pour parvenir à la perfection, inutile de s’apitoyer, il convient d’agir, d’accomplir son devoir personnel, en pleine conscience, l’esprit vigilant, « l’âme égale dans le succès ou l’insuccès ». Krishna révèle à Arjuna sa nature véritable. Il lui montre sa forme suprême, il est un avatar de Vishnu, la personnification de l’Absolu. « Je suis le soi résidant au cœur de tous les êtres ; je suis le commencement, le milieu et la fin des êtres. Il n’est pas d’être, mobile ou immobile, qui existe en dehors de moi, il n’est point de limites à mes divines manifestations… »
Plusieurs versions du
Mahabharata et de la Bhagavad Gita existent, en français.
« Mahabharata » : Jean-Claude Carrière (2001) - Serge Demetrian (2006) en version poche.
« Bhagavad-Gita » :
traduit du sanskrit par Alain Porte
9/ BALARAMA
Dans certains textes, Krishna et Balarama
sont des avatars doubles de Vishnu qui s’incarnent ensemble. Dans d’autres,
lorsque Krishna est considéré comme le dieu suprême, Balarama est le huitième
avatar. Né d’un cheveu blanc de Vishnu
Balarama est souvent représenté comme un homme à la peau claire, vêtu de bleu
et de pourpre. Son attribut principal est un
soc de charrue mais il peut tenir aussi une baratte, une massue, une
coupe de vin. Il est lié à la terre et aux travaux des champs, il est « celui
qui récolte ». Il est doué d’une force prodigieuse et de nombreuses
légendes racontent comment, alors qu’il n’est encore que tout petit enfant, il
venait à bout des bêtes féroces et de démons malfaisants, comment il les assommait
d’un seul coup de poing, les attrapait par les pieds et les faisait tournoyer
en l’air puis les projetait au sommet des arbres ! On le dit aussi joueur
et buveur, celui qui aime le vin. Sur les images, ses yeux sont brillants et
rougis par l’ivresse.
10/ BUDDHA
Le prince Siddhartha naquit il y a deux mille cinq cents ans, dans une famille de kshatriya. Sa mère, la reine Mayadevi, vit en songe un éléphant blanc qui entrait dans son flanc et sut qu’elle mettrait au monde un enfant merveilleux. Sa naissance fut miraculeuse, l’arbre sur lequel s’appuyait Mayadevi fleurit quand l’enfant sortit du coté de sa mère ; du ciel, une pluie de fleurs tomba autour de lui. Il se leva et marcha, sept fleurs de lotus s’épanouirent dans les traces de ses pas. On prédit à ses parents qu’il serait un grand roi ou un « éveillé ». Son père, qui préférait faire de lui un monarque, l’éleva dans le luxe. Dans l’enceinte du palais royal, Siddhartha eut une enfance et une adolescence de prince choyé, épargné de tous les tracas et de toutes les souffrances.
Mais un jour, il sortit du palais et fit
quatre rencontres qui bouleversèrent sa destinée. Il croisa un vieillard, un
malade, et un cadavre que l’on menait au champ de crémation et réalisa que le
monde était plein de souffrances, que la vie était bien différente de ce qu’il
en savait. Il croisa aussi un renonçant. Son air paisible et détaché l’intrigua.
Cet homme a peut-être trouvé le moyen d’échapper à toutes ces souffrances. Il
décida de suivre la même voie que lui. Il quitta son palais, sa famille, sa
femme, son fils, se dépouilla de tous ses bijoux, de ses vêtements, et partit
en quête. Pendant des années, il étudia, suivit de nombreux enseignements,
pratiqua des ascèses sans aucun résultat. Il décida de renoncer à cela aussi et
de rester en méditation jusqu’à ce qu’il obtienne l’éveil et trouve une voie
pour libérer le monde de ses souffrances. Sentant que Siddhartha approchait du
but, le démon Mara envoya contre lui des tentations. Siddhartha demeura imperturbable
et parvint à l’éveil.
En Inde, le bouddhisme eut son heure de gloire sous le règne de l’empereur Ashoka (IIIe siècle avant l’ère chrétienne).
Il
commença à décliner au Ve siècle jusqu’à devenir très minoritaire.
Pour quelle raison a-t-on admis Buddha au nombre des avatars de Vishnu ?
Pour certains chercheurs, il s’agit d’une « récupération ».
Il était moins risqué de l’intégrer au panthéon hindou que d’en faire un
adversaire.
Au cours de ces trois derniers avatars, Vishnu sous la forme de Rama, Krishna et Buddha,
enseigne trois voies
différentes : le devoir, l’amour et le renoncement.
Kalki, l’avatar à venir n’enseigne pas, sa venue est inéluctable, elle annonce la fin d’un cycle cosmique.
Avec son épée de lumière qui représente l’éveil, il détruira l’ignorance, l’égo,
le vieux monde pour faire place au satya-yuga : l’âge de vérité.
KALKI
Chevauchant un cheval blanc, et
brandissant une épée de feu, Kalki viendra à la fin du Kali-yuga pour détruire
le monde et établir un nouvel âge d’or. Alors qu’il est à venir, son histoire
est racontée comme si elle avait déjà eu lieu. Kalki nait dans une famille de
brahmanes, son père est roi des Shambhala. Son guru est Parashurama, la sixième
incarnation de Vishnu qui après avoir tué les kshatriyas, s’est retiré dans un
ermitage pour se consacrer à la voie spirituelle. Il lui enseigne les veda et
la guerre. C’est Shiva qui lui donne son cheval qui vole : garuda-ashva,
un perroquet qui parle et une épée de lumière.
Lakshmi
Les huit
aspects de la déesse :
Bhagya-Lakshmi : accorde la chance
Gaja-Lakshmi, le pouvoir
Dana-Lakshmi, la richesse
Dhanya-Lakshmi, la nourriture
Santana-Lakshmi, la descendance
Vidhya-Lakshmi, la connaissance
Vira-Lakshmi, la force
Lakshmi, la parèdre et l’épouse de Vishnu est la déesse de la fortune, de la chance, de la richesse, de la fertilité, de la beauté. Resplendissante, elle répand sur le monde ses bénédictions. Elle est rayonnante de beauté, l’image même du bonheur et de la plénitude. Vêtue d’un sari rouge et parée d’une guirlande de fleur et de nombreux bijoux, elle est assise ou debout sur un lotus. Elle a quatre bras, elle tient dans deux de ses mains des fleurs de lotus, ses deux autres mains tendues vers le sol laissent couler un flot de pièces d’or ou bien font le geste de don et de protection. Elle porte une conque, un vase d’abondance, un fruit ou un épi. Son véhicule est la chouette mais on voit plus souvent Lakshmi au coté de Vishnu, sur l’aigle Garuda.
La fleur de lotus est le symbole principal de Lakshmi. Le lotus est comme la divinité elle-même, lié à la terre, à l’eau et au ciel. Il prend racine dans la boue, caché au fond de l’eau et s’élève pur et splendide vers le ciel. Il symbolise l’ancrage dans la matière et l’utilisation de son pouvoir fécondant pour s’élever, le passage de l’obscurité vers la lumière. Omniprésent dans l’iconographie de Lakshmi puisqu’il lui sert de siège, de parure et d’attribut, il indique que les richesses qu’elle accorde ne sont pas seulement matérielles mais également spirituelles.
Vaibhava-Lakshmi, la réussite
Sous tous ses aspects, elle est
considérée comme une mère bienveillante qui nourrit et protège ses enfants ou
comme une souveraine qui assure à ses sujets le bien-être et la prospérité.
Un jour le sage Durvasa offrit à Indra une guirlande de fleurs rares. Négligemment Indra la passa autour du cou de son éléphant qui la fit tomber et la piétina. Blessé par cet affront, le sage maudit Indra : « puisque tu négliges les richesses qui te sont offertes, que la richesse quitte ton royaume ! » Aussitôt, Lakshmi disparut des trois mondes sur lesquels il régnait et avec elle disparut toute abondance, toute beauté et toute joie. L’univers était plongé dans l’obscurité et le désordre. Les deva (dieux) perdirent leur puissance et les asura (démons) en profitèrent pour leur déclarer la guerre. Les deva allèrent demander conseil à Brahma. Il leur apprit que Lakshmi se trouvait au fond de l’océan primordial et que Vishnu pouvait l’en sortir. Non seulement Vishnu accepta de les aider à retrouver Lakshmi, mais aussi à faire ressurgir les nombreux trésors cachés dans les profondeurs de l’océan. Parmi ces trésors il en était un bien plus précieux que tous les autres, le vase d’amrita. Si les deva arrivaient à s’en emparer et buvaient la liqueur, ils deviendraient immortels et n’auraient plus jamais à craindre d’être détrônés par les asura. Les deva étaient devenus si faibles qu’il leur était impossible de baratter seuls l’océan afin de faire émerger toutes ces richesses. Vishnu, une fois encore vint à leur secours et leur proposa de s’unir aux asura pour récupérer le nectar d’immortalité, il trouverait bien ensuite un moyen pour se l’approprier. Les deva et les asura se mirent d’accord pour baratter ensemble L’Océan de lait mais chaque clan pensait s’emparer du précieux breuvage, le moment venu. Afin d’obtenir la liqueur d’immortalité, dieux et démons jetèrent des herbes dans l’océan. Ils utilisèrent le mont Mandara comme baraton et le serpent Vasuki comme corde. Ils barattèrent avec tant de vigueur que le mont Mandara commença à s’enfoncer dans les flots. Alors, Vishnu sous la forme d’une tortue se glissa sous la montagne pour la soutenir. Des profondeurs de l’océan surgirent d’abord des quantités de merveilles. Ensuite, à la surface de l’océan se forma une écume empoisonnée que Shiva s’empressa d’avaler pour éviter qu’elle intoxique le monde entier. Le poison s’arrêta dans la gorge de Shiva qui devint bleue. Puis, Dhanvantari, le médecin des dieux apparut portant le vase d’amrita. Lorsque Lakshmi surgit enfin, sa splendeur illumina le monde. Les éléphants célestes l’aspergèrent d’eau pure, les apsara et les gandharva dansèrent et chantèrent devant elle, les dieux entonnèrent des hymnes en son honneur et lui offrirent des guirlandes de fleurs et des bijoux. Elle les bénit et leur promit de ne plus priver le monde de sa présence. Puis elle se dirigea vers Vishnu et se réfugia sur sa poitrine.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là !
Pendant que les dieux étaient occupés à adorer Lakshmi, les démons en profitèrent pour ravir le vase de nectar des mains de Dhanvantari. Vishnu prit alors la forme d’une séduisante jeune femme, Mohini l’enchanteresse et proposa de distribuer la liqueur à chacun. Les asuras, aveuglés par la convoitise et le désir, acceptèrent et s’aperçurent trop tard qu’elle ne donnait à boire qu’aux deva. Ils tentèrent de reprendre le vase et se jetèrent sur eux mais les deva, devenus invincibles les chassèrent dans les mondes souterrains. Indra entonna un hymne à la déesse. Il obtint le pardon de sa faute et retrouva son trône. Lakshmi le bénit et lui promit de ne plus disparaître complètement des trois mondes.
Gestes symbolisant Lakshmi : 2 kapittha (légèrement en dessous des épaules)
Shiva
Mahadeva, Mahesvara, Mahesha : grand dieu
Pashupati : maître des troupeaux, des créatures,
Nataraja : seigneur de la danse
Mahayogi : grand yogi
Shankara : celui qui donne la félicité
Shambu : bienheureux
Bhairava : terrible
Ce sont quelques-uns des mille et huit noms de Shiva, le troisième aspect de la Trimurti.
Quand un cycle de vie est arrivé à son terme,
Shiva détruit tout ce qui fut créé par Brahma et maintenu par Vishnu.
Terrible et bienveillant, il est celui que l’on craint et qui éloigne la crainte, celui qui détruit et régénère, celui en qui tout se résorbe et de qui tout se redéploie, celui qui donne la mort et qui fait accéder à l’immortalité. Il est la conjonction des opposés, celui qui, les tenant en lui résout les contradictions. Son troisième œil représente le feu brulant de la conscience qui détruit le désir et les illusions, alors que la lune dans son chignon est la lumière froide, réflexive, la coupe de soma de la fécondité et de l’immortalité, ainsi que le symbole des cycles de la vie. C’est ainsi qu’il exerce ses rôle de destructeur-créateur sous la forme du roi de la danse Nataraja en interprétant la danse cosmique. C’est ainsi aussi qu’il achève l’union des principes masculins et féminins en fusionnant avec sa shakti Parvati dans l’étonnant corps androgyne appelé Ardhanarisvara et, finalement qu’il compense ses formes les plus terribles en se parant de caractères spirituels du grand yogi Mahayogin ou du maître des connaissances Dhakshinamurti.
Shiva Nataraja (roi de la danse) est le souverain d’un ballet cosmique appelé Ananda Tandava (danse de l’extase). Cette danse n’est décrite dans la littérature qu’à partir du VIIIe siècle mais les représentations de Shiva dans une posture de danse sont plus anciennes et même nombreuses à partir du Ve siècle.
"Il sort de son extase et, en dansant
envoie par toute la nature inerte
des ondes palpitantes de son qui l'éveillent.
Et voici que la matière se met à danser,
apparaissant autour de lui comme une gloire.
En dansant, il soutient ses multiples phénomènes.
Quand les temps sont à leur apogée, dansant toujours,
il détruit toutes les formes et tous les noms par le feu,
et donne à nouveau le repos."
A. Coomaraswamy - La danse de Civa
Avec ses deux mains postérieures, il exerce ses pouvoirs cosmiques de création et de destruction. Avec la droite, dont l’avant bras est entouré par un cobra, il rythme le flot créateur du temps en agitant son petit tambour damaru entre le pouce et l’index, mudra : simhakarna, tandis qu’au creux de sa main gauche recourbé en croissant de lune, il tient la petite flamme destructrice prête à consumer l’univers à la fin de son cycle de vie ardhacandra- en bharatanatyam : alapadma. La main principale droite du dieu rappelle son pouvoir de préservation en faisant le geste de protection et d’apaisement "abhaya", montrant sa paume avec ses doigts tendus vers le haut. Quant à la gauche, elle exprime sa puissance avec le geste dit "gajahasta" dola-hasta en bharatanatyam, mimant une trompe d’éléphant, qui symbolise la grâce divine et le pardon. De son pied droit, Shiva piétine le démon de l’ignorance, libéré du sol avec une grande élégance, son pied gauche accorde la félicité à ceux qui l’approchent. Son diadème est orné du croissant lunaire et ses longs cheveux sont répartis en tresses qui s’élèvent de ses épaules comme si elles étaient entraînées par un souffle. Ses nattes symbolisent les cours d’eau et l’une d’elle, à la droite du dieu porte à son extrémité une sirène qui n’est autre que la déesse Ganga, personnification du Gange.
formée de deux triangles égaux placés l'un sur l'autre.
Les proportions selon lesquelles ces figures sont exécutées obéissent à des règles strictes.
Les aspects de Shiva dansant sont au moins aussi nombreux que ses aspects ascétiques.
Son énergie, qu'elle soit tournée vers l'intérieur ou vers l'extérieur, passive ou active,
statique ou dynamique, est tout aussi puissante.
Qu'elle s'exprime dans le silence et l'immobilité de la méditation,
dans l'érotisme de son amour pour Parvati
ou dans le déploiement des sons, de rythmes et de mouvements des ses danses,
cette puissance exprime la joie et oriente vers la libération (moksha).
Il danse accompagné de Saraswati à la vina, d'Indra à la flûte, de Vishnu au mridangam,
de Brahma aux cymbales et de Lakshmi au chant,
entouré de tous les deva et les êtres célestes émerveillés par ce spectacle !
C'est à Tillai, maintenant connu sous le nom de Chidambaram, que les sages Patanjali et Vyaghrapada
eurent la révélation de la danse cosmique de Shiva.
Ils y érigèrent un temple surmonté d'une coupole d'or, devenu l'un des cinq lieux saints
les plus importants du sivaïsme du sud de l'Inde.
Les quatre autres étant : Kalahasti, Kanchipuram, Thiruvannamalai et Tirunanaikaval.
Ces cinq temples représentent les cinq éléments :
la terre, l'eau, le vent, le feu et l'éther.
Chidambaram correspond à l'éther et son sanctuaire contient l'akasa-linga,
le linga de l'espace.
Dans une figure acrobatique, Shiva lève la jambe droite si haut qu’il arrive à toucher sa tête. Cette attitude qui est répertoriée dans les karanas, porte le nom d’urdhva-tandava (urdhva = dressé) ou de lalatatilaka (la marque sur le front).
Cette posture débute généralement par un défi chorégraphique que se seraient lancés le dieu et son épouse pour régler une querelle. La dispute met en scène Parvati ou le plus souvent sa forme terrible Kali. Dans tous les cas, c’est Shiva qui remporte le combat, généralement à cause de la pudeur de son épouse qui refuse de dévoiler son sexe. On dit aussi que c’est Parvati qui volontairement laissa Shiva gagner le combat car il est bon de flatter la vanité d’un homme en lui laissant croire qu’il est le seul à savoir faire ce qu’il est parvenu à faire !
Dans une forêt lointaine, vivait une communauté de sages. Ils prêchaient la renonciation aux biens et plaisirs matériels et charnels, leur vie paraissait exemplaire mais ils étaient remplis d’orgueil. Shiva qui voulait les éprouver, leur apparut un jour sous les traits d’un jeune ascète-mendiant d’une très grande beauté. Il allait nu, chantant et dansant et jouait du tambour au rythme de ses pas. Les femmes des sages et les sages eux-mêmes furent tous séduits. Ils réalisèrent le danger qu’ils couraient s’ils cédaient à leurs désirs et décidèrent, malgré l’amour qu’ils ressentaient pour le jeune homme de s’en débarrasser. Ils firent apparaitre un tigre qui bondit sur lui, Shiva le tua, le dépeça, se revêtit de sa peau et continua à danser. Furieux les sages lancèrent des serpents venimeux dont il para son corps. Un nain difforme et grimaçant se jeta sur lui mais Shiva le jeta à terre et l’écrasa de son pied droit et continua à danser, à danser. La terre tremblait sous ses pieds. Les sages réalisèrent alors la vraie nature de Shiva, ils comprirent qu’il était venu pour détruire le tigre de leur passions et de leurs ambitions, le nain de leur ignorance, le venin de leur méchanceté, pour consumer l’envie, la convoitise, les désirs et rallumer la flamme de la connaissance de vie.
Nandi est le véhicule de Shiva. C’est un taureau blanc, à la queue noire, aux yeux doux et aux longues cornes recourbées. On le voit accroupi devant l’entrée des temples de Shiva. Sur les images et bas-reliefs, il figure assis docilement aux pieds de son maître, marche à ses cotés ou le porte sur son dos. Il représente la force, la fertilité, la puissance, la virilité et l’instinct héroïque que maîtrise Shiva.
Shiva est aussi représenté sous la forme d’un linga (phallus). Cet aspect informel, sans corps, symbolise non seulement la puissance du dieu, son pouvoir créateur et fécondant mais indique qu’il est le brahman suprême et donc sans image, sans icône.
Parvati
Amma, Amba, Ambika : mère, petite mère
Uma : chère, paix de la nuit
Sati : vertueuse, fidèle
Devi : déesse
Mahadevi, Maheswari : grande déesse
Gauri : Blanche, brillante
Annapurna : celle qui donne la nourriture
Lalita : amoureuse, charmeuse
C’est sous la forme bienveillante de
Parvati que la shakti est adorée comme épouse de Shiva mais cet aspect ne
suffit pas à rendre compte des immenses pouvoirs de la déesse. Comme lui, elle
assume de nombreuses formes. Aux cotés apaisés et bienveillants du dieu
correspondent les aspects de Sati, Parvati, Uma… Aux aspects courroucés de
Shiva correspondent ceux de Durga, Kali… Aux mille huit noms de Shiva
correspondent les mille huit noms de la
déesse !
Son identification à la déesse suprême
est telle que dans l’hindouisme la plupart des formes féminines du divin sont
considérées comme des aspects ou incarnations de Parvati et lorsque l’on dit
simplement Shakti et Devi, c’est d’elle dont on parle. Les trois formes
principales sont : Parvati, Kali et Durga. Chacune de ces formes a un
aspect, une fonction et un caractère différents mais elles sont toutes une et
la même. Parvati est belle, paisible, rassurante. Elle personnifie des énergies
très positives d’amour, de partage, de don, de fécondité. Durga et aussi une belle femme mais il se
dégage de cette image guerrière une énergie plus ardente, plus héroïque qui
sert à trancher, à prendre des décisions énergiques, audacieuses, à éliminer ce
qui entrave. Kali n’a rien d’attrayant, son aspect courroucé est effroyable.
Elle représente l’énergie primordiale illimitée, le flux incessant de la vie et
de la mort, de créations et de destructions. Une énergie démesurée, extrême qui
détruit et désintègre mais qui représente aussi la puissance de transmutation
et de réalisation. Alors que Parvati est souvent représentée au coté de Shiva,
Durga et Kali sont représentées et adorées seule. On dit qu’elles sont
indépendantes et indomptables. Si l’on voit un dieu près d’elles, il leur rend
hommage ou git sous leurs pieds.
Gestes utilisés pour Parvati : 2 ardhacandra, à droite dirigé vers le ciel, en signe de protection "abhaya",
à gauche vers la terre en signe de don "varadha".
hasta : ardhacandra*****
Les enfants dieux
Shiva et sa famille
Ganesha et Skanda sont considérés comme les enfants de Shiva et Parvati.
En vérité, les dieux ne font pas les enfants
comme nous les faisons et nous verrons que chacun fut créé par l’un puis adopté
par l’autre.
La personnalité et l’aspect des deux
dieux frères sont très différents.
Un
jour, Shiva et Parvati demandèrent à Ganesha et Skanda d’aller faire le tour du
monde et de revenir auprès d’eux. Skanda s’élança sur son paon. Ganesha resta
tranquillement assis et quand il vit son frère revenir, il se leva et joigna les mains, tourna respectueusement autour de ses parents. Skanda était tout
fier d’avoir obéi au désir de ses parents, Ganesha lui expliqua qu’il avait
tout aussi bien fait que lui puisque ses parents représentaient le monde. Shiva
et Parvati les félicitèrent tous les deux. Chacun avait accompli le voyage à sa
façon, l’un utilisant sa capacité d’action et l’autre sa sagesse.
Ganesha « Ganesh»
Vinayaka : meilleur des guides
Vighnesvara : celui qui enlève les obstacles
Gajamukha : visage d’éléphant
Shiva allait souvent méditer sur les pics neigeux de l’Himalaya, Parvati ne l’accompagnait pas toujours, quelquefois elle restait seule dans leur grotte au sommet de Kaïlasa. Shiva pouvait s’absenter de très longues périodes. Absorbé dans les profondeurs de son être, le temps pour lui n’existait plus.
Un jour Parvati après son bain frotta son corps avec des onguents parfumés, elle prenait plaisir à pétrir cette petite pâte odorante mêlée à sa sueur, à sentir combien elle était souple, combien il était facile de lui donner des formes : une fleur, un oiseau… Soudain une idée lui traversa l’esprit. "Et si je modelais un enfant de cette pâte ! Il serait un fils pour moi et me tiendrait compagnie." Elle fit un bel adolescent et le plongea dans l’eau du Gange pour lui donner vie. Elle lui confia la garde de ses appartements. Personne, sous aucun prétexte ne devait franchir sa porte sans qu’elle n’est donné l’autorisation. Quand Shiva revint chez lui, il trouva un homme posté à sa porte. Le jeune inconnu lui interdit d’entrer. Furieux, Shiva essaya de forcer le passage mais n’y parvint pas. Il revint avec son armée mais le gardien de Parvati restait invincible. Shiva et Vishnou décidèrent d’unir tous leurs pouvoirs pour le vaincre et après une longue et terrible bataille, Shiva décapita le jeune homme d’un coup de son trident. Remplie de chagrin et de tristesse, Parvati voulut se venger des dieux. Sous sa forme de Durga, elle créa des centaines de milliers de formes de Shakti qui se précipitèrent sur les dieux crachant des armes de leurs bouches grandes ouvertes. Ils demandèrent grâce. Parvati la leur accorda à condition qu’ils trouvent un moyen de ramener son fils à la vie avant la fin du jour. Les dieux imaginèrent une solution : capturer un nouveau-né, lui couper la tête et la poser sur le corps du fils de Parvati. Ils cherchèrent mais pas un nouveau-né se présenta sur leur chemin. Juste avant la tombée de la nuit, ils aperçurent un éléphanteau égaré. Ils l’attrapèrent, lui tranchèrent la tête, la posèrent sur le corps du jeune homme. Aussitôt le jeune homme ouvrit les yeux et alla rejoindre sa mère apaisée. Shiva s’approcha de Parvati et lui dit « puisque cet enfant est tien il sera aussi un fils pour moi» et se tournant vers le jeune homme, il ajouta « tu seras Ganesha, le chef des armées des gana et te nommera Vighneshvara, celui qui enlève les obstacles ».
Il est le dieu de la sagesse et de la chance.
Sa tête d’éléphant à la défense cassée et son corps d’homme replet font de lui
un des dieux les plus faciles à identifier.
Il a quatre bras. Deux de ses mains font les gestes de protection "abhaya" et de don "varada", dans les deux autres il tient le nœud coulant "pasha" et le crochet pour guider les éléphants qu’il utilise pour capturer les âmes et les conduire dans la bonne direction. Il tient souvent dans sa main un plat rempli de friandises rondes "modaka". Sa peau est d’un beau rouge doré, le cordon des brahmanes orne sa poitrine et un serpent s’enroule autour de sa taille. Le ventre est le lieu symbolique des énergies primordiales, et le serpent représente le lien de la connaissance qui les contient, empêchant qu’elles débordent. On dit aussi que c’est parce qu’il contient l’univers entier que son ventre est aussi proéminent. Sa monture Mushika, est un rat aussi minuscule qu’il est énorme !
Ganesha est celui qui écarte les obstacles
c’est pour cela qu’on lui fait une offrande avant d’entreprendre quoi
que ce soit.
Geste pour symboliser Ganesh : 2 kapittha au niveau des hanches, un tourner vers le haut et l'autre vers le bas.
Cliquez :
Skanda
Kartikeya, Subramanya, Muruguan, Kumara,
Shanmukha … sont les nombreux noms de cet enfant dieu. Il est le chef de
l’armée des deva. C’est un jeune dieu dont l’énergie puissante et lumineuse
rayonne comme l’or incandescent. De nombreux mythes le disent né d’une semence,
d’une montagne ou d’un lac d’or. Sa monture est un paon. C’est un bel
adolescent vêtu de rouge, une main posée sur la hanche et l’autre tenant une
lance. Il a six têtes et douze bras.
Le
démon Taraka et ses frères Surapadma et Simhamukha menaçaient la souveraineté
des dieux. Ils avaient obtenu par leurs austérités de devenir immortels sauf si
un enfant de sept jours arrivait à les battre. Sûrs de leur force, ils
partirent à la conquête du ciel et de la terre. Partout où ils prenaient le
pouvoir régnaient le mal et la souffrance. L’équilibre du monde était en danger
et les dieux se rendirent au sommet du mont Kalaïdasa pour demander de
l’aide à Shiva et Parvati. « Les asuras menacent les trois mondes. Seigneur
Shiva et toi, Mère divine, créez pour nous un fils qui, lorsqu’il aura sept
jours sera assez puissant pour les vaincre. »
Du
corps de Shiva jaillit six étincelles d’énergie capables d’embraser le monde.
Seul Agni le dieu du feu pouvait les approcher sans crainte, il les prit et les
mis dans le Gange. Ganga les transporta dans la forêt de Shavana et les déposa
dans des fleurs de lotus. Les étincelles divines devinrent alors six nouveau-nés.
Les six krittikas (pliéades) descendirent du ciel pour prendre soin d’eux et
les nourrir. Le septième jour, elles les ramenèrent près de Shiva et Parvati.
Ils étaient devenus de beaux adolescents prêts à combattre les asuras.
Seulement pour que la victoire soit possible, un seul des enfants devait aller
affronter les démons. Parvati eu une idée, elle s’avança vers eux, les serra
dans ses bras et ils prirent la forme d’un enfant à six têtes. On le nomma
Kartikeya. Shiva lui donna une lance et demanda à son armée de gana de
l’accompagner. Skanda et ses compagnons affrontèrent l’armée des démons. Au crépuscule,
Skanda tua Tarka et Simhamukha mais Surapadma, au moment de mourir se repentit
de ses actes, prit refuge auprès de Skanda et promit de le servir. Skanda le
transforma en paon, il en fit sa monture. Les dieux furent libérés des démons
et le cosmos tout entier revint à l’équilibre.
Kama
Kama est le dieu de l’amour et du désir. Les amants prient pour obtenir son aide et bien sûr on l’invoque pendant les cérémonies de mariage. Il est jeune, beau, joyeux entouré de nymphes et de musiciens célestes. Il vit dans un monde de beauté et de plaisir avec sa parèdre Rati. Son véhicule est un perroquet, symbole du désir. Son arme est un arc fait d’une tige de canne à sucre.
Les cinq flèches qu’il décoche sont des fleurs : fleur de manguier, de jasmin, d’ashaka, de lotus blanc et de lotus bleu qui représentent les cinq sens.
Gestes pour symboliser Kama : sikara main gauche et katakhamukha main droite devant la poitrine.
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